top of page
Rechercher
  • Photo du rédacteurManaelle

Où cours-tu ?


Laisse-moi t'offrir cette question : où cours-tu ?


La vie est par nature instable. Rien est moins sur que l'heure suivante. La vie sur terre elle-même est le fruit d'un sacré miracle. Tout est impermanence, mouvement. Pourtant, dès que tu tentes de contrôler ce flux impétueux en avançant dans les vagues de la vie à coup de projets, objectifs, buts à atteindre, choses à faire, mots à barrer sur une to-do list tu bloques quelque chose en toi et autour de toi.

Peut être fais tu partie des personnes à qui ont a enseigné que la vie était un combat, une lutte du plus rapide et du plus fort ? Et qu'en plus de cela, il fallait jouir rapidement de celle-ci car elle se fane rapidement ?





Alors, tu te sécurises par l'extérieur, tu avances, tu cours à en perdre haleine, tu sautes de projet en projet, d'accomplissement en accomplissement, de lieu en lieu, de personne à personne, quitte à oublier de vivre au passage. Tu es affamée, jamais repue. Tu cours. Il en faut toujours plus. Tu n'es pas assez il paraît, alors tu t'occupes à devenir quelqu'un. Tu ne sais pas assez il paraît, alors tu t'appliques à connaître davantage. Tu cours car cela te donne une illusion de sécurité. Tu pourrais même oublier que tout est instable, changeant. Tu contrôles ta vie, ta situation, les gens autour de toi, ton job, tes animaux. Même avec la plus grande bienveillance du monde, même indirectement, inconsciemment, mais tu es là et tu planifies, contrôles, gères, penses. Tu avances. Tu ne sais pas ou tu vas, mais tu avances.


Pourtant, malgré tout, ce n'est jamais assez, alors tu cours. Oh, ne t'en fais pas, tous les humains jouent un jour ou l'autre à ce jeu.


Mais un jour, on se souvient. On arrête de courir, d'exiger, de s'affamer. On se souvient que les plus belles des fleurs n'ont pas besoin de faire quoi que ce soit pour s'épanouir. Elles ont juste à être elle-même, à laisser fleurir le trésor qu'elles sont.


Dans la nature, personne (normalement) n'appuie sur un bouton pour voir émerger les plus belles des fleurs, le plus bel arbre.

Et si vouloir contrôler c'était agir contre le flux de la vie ?


L'étymologie du mot contrôle est intéressante. Dans contrôle on retrouve la racine latine "contra", c'est à dire contre. Contre quoi te dresses-tu en tentant de contrôler ta vie ? Que fuis-tu en courant à droite et à gauche ?


J'ai longtemps cru qu'il me fallait "faire" ceci ou cela, "obtenir" ceci ou cela, "incarner" ceci ou cela pour réussir. Le problème est que quoi que tu ajoutes à toi ou à ta vie (animal, voiture, maison, enfant, boulot, stage, voyage...) ce n'est jamais assez tant que tu penses que cette chose extérieure comblera ta faim intérieure.


S'interpose alors deux notions de spiritualité qui peuvent parfois sembler contradictoires. En effet, si l'on admet que l'on est le créateur conscient de notre vie on pense devoir sans cesse créer des opportunités pour grandir et s'épanouir. En bon architecte, on pense devoir sans cesse bâtir des murs, agrandir les fondations de sa vie. Je pense en réalité que tout est déjà là. Et que du créateur au despote il n'y a qu'un pas. Le créateur est celui qui danse avec la vie, qui colore son tableau en s'adaptant à ce que le paysage lui propose, inventant sans cesse de nouvelles nuances grâce à son baromètre intérieur. Il ne part pas à la chasse au coucher de soleil, il l'invente à partir de son monde intérieur. Il ne court pas après l'arc-en ciel, il sait qu'il possède déjà toutes les couleurs de celui-ci en lui et qu'il suffit d'attendre le bon moment avant de les voir émerger à l'extérieur. Il n'a rien à faire, il a juste à être.




Le créateur conscient de sa vie n'est pas un contrôleur. La création a toujours été mystérieuse. Certain poètes pensaient qu'elle était un cadeau divin, une inspiration mystique, quelque chose qui tout à coup tombait du ciel et ne pouvait être conceptualisée ou contrôlée. A l'inverse, d'autres poètes pensaient que la création était le fruit d'un travail acharné, rigoureux, constant. Deux conceptions de vie finalement.


Et si la réalisation n'avait finalement lieu que lorsque nous nous arrêtons de courir ? Uniquement dans le non-agir, non-faire ? Lorsque nous nous retrouvons enfin en tête à tête avec nous mêmes, avec la vie.


Cela peut te sembler contradictoire. On nous a tellement répété que travailler dur c'était nécessaire pour réussir. Mais peut être que les ingrédients de la réussite sont tout autre. Acceptation, lâcher prise sont aussi importants que l'inspiration et le focus. Imagine danser avec un partenaire qui tente de contrôler chacun de tes mouvements, tu arrêterais rapidement de bouger. La vie aussi. La danse est une chouette métaphore de l'équilibre à atteindre. Et l'exemple me semble encore plus pertinent avec un cheval.


Les animaux sont de puissants maître du lâcher prise, du non-agir. Les chats sont les rois par excellence dans cette discipline. J'ai la chance de suivre des stages intensifs de lâcher prise depuis toujours grâce à eux.


Mais c'est Lily, la nouvelle arrivée qui est venue m'enseigner la plus grande leçon la dessus. Ainsi que l'éclairage de sa première gardienne Titania. Lily est arrivée dans ma vie soudainement. Rien était prévu initialement. Et là voilà au milieu de ma tribu. Sur le contrat de vente, il est précisée "non débourrée". Et ces mots, mon petit mental en a eu peur. Rapidement je me suis dis qu'il fallait devoir la dresser.


Aujourd'hui je sais que je ne sais rien et qu'elle a tout à m'apprendre. Et que de même que nous devrions le faire avec l'éducation de nos enfants, et la vie elle-même, il n'y a contrôler, imposer mais tout a laisser grandir, émerger. Tout est déjà là. Rien ne sert de courir.


Et toi, dis-moi, où cours-tu ?








56 vues0 commentaire

Posts récents

Voir tout
bottom of page